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La psychanalyste de Mazone témoigne

La psychanalyste de Mazone témoigne

Parmi les familles accompagnées par Mazone, 60% de femmes gèrent seules leur cellule familiale. Un nombre considérable d’entre elles ont subi des violences, morales, verbales, physiques, voire d’ordre sexuel. Certaines femmes ont également eu le courage de quitter un mari violent avec leurs enfants, voire incestueux. Elles quittent alors des situations dramatiques lorsqu’elles sentent qu’elles ne mettront pas en péril total la vie de leurs enfants, lorsqu’elles pourront a minima leur donner un toit et à manger. Chez Mazone, elles reçoivent une aide alimentaire ainsi qu’un soutien psychologique afin de trouver la voie de la reconstruction. Nous avons demandé à la psychologue psychanalyste qui les accompagne de témoigner de ces situations, de nous exprimer la manière dont elle parvient avec un travail d’une complexité sans équivalent à les faire peu à peu reprendre estime de soi, et de nous conseiller à nous, membres donateurs et bénévoles de la famille Mazone, sur ce qu’il est possible de faire en cas de doute. Ne taisez rien ! Si vous avez le moindre doute sur une situation familiale, parlez-en à des personnes compétentes pour éviter que des familles ne se murent derrière l’inintelligible et l’indicible.

Les violences et les abus au sein de la communauté juive

 

UNE VERITE DIFFICILE A ENTENDRE

L’inceste, la pédophilie, les abus sexuels et les violences conjugales existent au sein de notre communauté, comme ailleurs et dans tous les milieux sociaux.
L’inceste est formellement proscrit dans toutes les sociétés et pourtant il existe. Les pulsions malsaines font partie de la structure humaine. Il y a cependant des voies qui permettent de les contrer, de les transformer :

En premier lieu, ou dès le plus jeune âge, apprendre à nos enfants à respecter les interdits et les lois ; en somme mettre des limites, apprendre à supporter la frustration. L’enfant en a absolument besoin et cela dès la petite enfance. Notre histoire intime, notre passé, nos manques, nos traumatismes peuvent parfois venir entraver nos capacités à être parents et la naissance d’un enfant vient réveiller notre passé, nos douleurs profondes. Il ne s’agit pas de se culpabiliser mais d’être responsable et conscient de nos fragilités et de se faire aider si nécessaire sans culpabilité ni honte. Un thérapeute ne juge pas, il est là pour aider à comprendre certains mécanismes toxiques ou invalidants. Il s’agit de défaire les nœuds qui nous empêchent de vivre sereinement. Il s’agit aussi de se respecter et de respecter les autres. En somme d’être responsable de ses actes.

CERTAINES FAMILLES PEUVENT FAVORISER L’INCESTE

Dans les familles où l’interdit de l’inceste n’est pas respecté j’ai pu observer des points communs, notamment la confusion des places, ce qui aboutit à un déni de la différence entre soi et l’enfant et un meurtre de l’identité de l’enfant. L’adulte ne va pas supporter la séparation d’avec l’enfant et entretenir un fantasme de prolongement de soi en mettant le psychisme et le corps de son enfant à son service. Le parent n’attend de l’enfant, uniquement qu’il réponde à ses seuls manques.

Bien qu’il existe une grande hétérogénéité de profils de parents incestueux, des traits communs sont manifestes : une grande immaturité du parent dans sa vie relationnelle et un faible attachement à ses figures parentales depuis son enfance. Le couple est souvent dysfonctionnel ; la mère complice, qui se refuse souvent, pousse l’enfant dans le lit du père, cela de manière consciente ou pas.

Une de mes patientes a subi le viol répété d’un membre proche de sa famille entre l’âge de 6 ans et 17 ans, moment où l’agresseur a quitté la ville pour aller vivre en Israël. Encore aujourd’hui la patiente, âgée de 35 ans, reste traumatisée et supporte difficilement les relations intimes avec son époux. L’inceste reste un sujet caché, et quand une victime décide d’en parler on lui répond : » (je cite ma patiente) ...Tu dis n’importe quoi, c’est impossible ! » ou encore : » T’es folle, arrête de délirer… ». Il y a aussi les promesses du silence exigées par l’agresseur, la peur des représailles, d’être rejetée.

LES CONSÉQUENCES PEUVENT ÊTRE DÉSASTREUSES

Troubles dépressifs, troubles anxieux, troubles des conduites alimentaires, perturbations de la sexualité. Je me souviens d’une jeune fille abusée par son père, qui est entrée dans la prostitution avec une perte d’estime de soi considérable. Ou encore d’une adolescente de 17 ans, fille de dirigeant communautaire estimé sur la place de Paris, qui subissait de façon indirecte les pulsions malsaines de son père avec la complicité de la mère, qui a pu me dire que : « C’est trop difficile de partir ! J’ai honte et je ne souhaite pas que nous perdions notre réputation. « 

Cet homme entretenait régulièrement des relations inappropriées avec des jeunes garçons, dans la maison familiale. Cette jeune fille m’avait été adressée par un chirurgien esthétique que la patiente était allée consulter à plusieurs reprises. Le chirurgien me fit part de son inquiétude car ses demandes se diversifiaient et ne présentaient aucune justification pour le médecin. Au cours des premières séances avec la jeune patiente, rien n’était révélé ; il fallut être patiente et créer un climat de confiance pour qu’enfin arrivent les mots pour dire l’effroi dans lequel elle se trouvait.

LES VIOLENCES CONJUGALES

Une autre patiente est venue me consulter ; cette femme, mère de famille se trouve en grande difficulté financière et psychologique. Elle est aujourd’hui en instance de divorce après des allers et retours prolongés. Son mari est violent aussi bien physiquement que moralement. Il existe un manque de communication, son mari ne se confie jamais, ils ne partageaient pas d’activités communes. L’absence de dialogue semble essentiellement dûe au refus de parler de son mari. Lasse de chercher le contact avec un conjoint muet, la patiente se tait et subit des violences sans rien dire. On peut se demander pourquoi cette femme est restée aussi longtemps dans ce climat de violence ? Il y a plusieurs facteurs ; au début de nos séances, elle refusait de reconnaître qu’elle était maltraitée. Il y a eu aussi l’isolement social, elle n’avait plus aucun contact avec sa famille ou ses amies car elle avait honte et son entourage familial n’était pas empathique.  Cet isolement a rendu cette femme totalement dépendante de son mari : » J’étais à la maison avec les enfants et mon mari s’absentait régulièrement, j’étais seule à tout faire, et quand il rentrait il fallait que je sois à sa disposition…… Et puis quand je recevais des insultes et des coups parce que sa chemise était mal repassée, j’avais des traces sur le visage, alors il fermait la porte à clef, je n’avais pas le droit de sortir, pour qu’on ne me voit pas avec les bleus au visage. » Cette femme éprouvait de la peur, de la honte. Son mari a une emprise totale sur sa femme et ces sentiments renforcent  » la femme battue » dans la dévalorisation de sa personne et dans son incapacité à réagir. C’est la culpabilité et la peur aussi qui la retiennent de partir. Cette culpabilité est engendrée en grande partie par l’habitude de son mari qui la rend responsable de la violence. Cette femme se sent aussi coupable de pouvoir provoquer, par son départ, l’éclatement de la famille.

Cette femme est sous tension jusqu’à la paralysie totale parfois. En fait, la violence peut surgir à n’importe quel moment, pour n’importe quel prétexte. La violence reste cachée et secrète. Ce secret est lié à la honte d’un tel fonctionnement.

LES RACINES DE CETTE VIOLENCE DANS L’INTIME DU COUPLE ?

La plupart des femmes que j’ai pu entendre et qui subissent la violence conjugale, ont grandi dans un climat familial violent ou encore en carence affective pendant l’enfance (des parents absents ou peu sécurisants au niveau du soin et de l’affect, certaines d’entre elles ont même dû être placées), elles manquent de confiance en elles ou doutent du fait qu’elles puissent être aimables. En réalité les déterminants à l’œuvre sont complexes et ne sauraient être réduits à une cause unique. Il s’agit d’un phénomène complexe et multi causal. La violence conjugale et les abus sexuels au sein de la famille sont un phénomène de société qui touche toutes les catégories sociales et les cultures. Dans la communauté juive, s’ajoute le fait que la honte est plus prégnante et que la famille a une valeur sacrée. Les mères juives doivent travailler leur capacité à se séparer de leur enfant. L’origine réelle des violences est souvent confondue avec les facteurs qui y sont associés tels que le manque de communication ou bien l’affrontement de deux caractères. Bien que ces facteurs puissent favoriser l’expression de la violence, l’abus trouve sa véritable source dans les rapports de domination et d’inégalité entre les deux sexes. Une femme fragile et vulnérable sera une proie facile pour un prédateur violent, car il sait et sent que sa partenaire n’a pas l’estime suffisante d’elle-même.

COMMENT ROMPRE AVEC LA VIOLENCE ET LES ABUS ? COMMENT SE TRAITER ?

Mettre fin à une relation caractérisée par la violence n’est pas facile, les femmes restent souvent dans la même situation pendant des années. Généralement elles sont parties à plusieurs reprises de leur foyer avant de rompre définitivement. La séparation exige des femmes une véritable préparation tant sur le plan psychologique que matériel.

Personne ne peut soigner ou guérir une guerre, un abus sexuel, un viol, une agression, ni aucune autre atrocité ; les horreurs du passé ne peuvent être annulées. Ce que l’on peut traiter, ce sont les traces que le traumatisme laisse sur le corps, l’esprit et l’âme : la peur de perdre son sang-froid ; la vigilance constante par crainte d’un danger ou d’un rejet ; la haine de soi et l’incapacité à ouvrir tout son cœur à une autre personne. Le traumatisme prive du sentiment d’être maître de soi – quand on veut le surmonter, la difficulté consiste à reprendre possession de son corps et de son esprit – de son moi. Cela suppose de trouver un moyen de se calmer, d’apprendre à garder son calme face à des images, des pensées, des sons ou des sensations qui rappellent le passé. Arriver à être pleinement vivant dans le présent. Il faut savoir qu’un traumatisme sexuel par exemple, ne se ramène pas seulement à l’histoire d’un événement passé. Les émotions qui se sont imprimées quand on a subi l’agression sont vécues, non comme des souvenirs, mais comme des sensations perturbatrices dans le présent. Pour reprendre le contrôle de son moi, il faut revenir sur le traumatisme : tôt ou tard, on doit s’y confronter, mais seulement quand on se sent assez en sécurité pour ne pas s’exposer à un nouveau choc. Il faut donc commencer par trouver des moyens de supporter d’être bouleversé par les émotions liées au passé. Comprendre son histoire ne suffira pas. On peut comprendre d’où viennent nos sentiments comme l’illustre cette patiente : « J’ai peur quand je m’approche d’un homme car mon père m’a violé ». Mais on ne peut pas supprimer nos émotions, les sensations ou les pensées, comme se croire ignoble ou pas aimable, même si on sait rationnellement qu’on n’est pas responsable d’avoir été violé. En somme, comprendre pourquoi on éprouve un sentiment ne change pas ce que l’on ressent. Cela peut, toutefois, empêcher de céder à des réactions extrêmes ; agresser une personne qui nous rappelle notre violeur ; rompre avec son mari au premier désaccord. Il faut savoir cependant, que plus on est épuisé, plus les émotions prennent le pas. C’est le cas fréquent de femmes victimes de violences conjugales. Elles s’épuisent sous l’emprise de leur persécuteur et n’arrivent même plus à penser ni à partir. Quand on est dans un état de dépendance, on dépasse son seuil de tolérance. On devient alors réactif et désorganisé ; nos filtres cessent de marcher, les sons et les lumières nous perturbent, des images indésirables du passé surgissent dans notre esprit, on panique. Ainsi souvent les femmes, agressées ou maltraitées en permanence, piquent des crises et leurs maris viennent à dire : « Voyez, elle est folle ! »

Si l’on veut changer les réactions il faut réparer les systèmes d’alarmes défectueux : l’entourage devra offrir une présence calme, rassurante et sécurisante. On devra prendre conscience de son expérience intérieure et pactiser peu à peu avec elle.

CONCLUSION

Aujourd’hui il n’est plus possible de garder le silence ; des femmes, des enfants et adolescents subissent la perversion de l’adulte qui vit en toute impunité, cela par peur de parler ou peur des représailles. C’est un vrai scandale qu’il faut faire éclater au grand jour, au sein de notre communauté qui n’est pas épargnée. Quand un homme qui représente la loi et qui a du pouvoir au sein d’une communauté, exerce toutes formes de violences malsaines ou d’abus sexuels, il devrait être sanctionné, condamné. Il s’agit bien d’un abus de pouvoir sur des personnes fragiles et vulnérables. Ce qui est observable ici, c’est que ni les lois, ni la religion ne sont une barrière aux abus et à la violence, et qu’il faut être attentif et bienveillant pour accueillir la parole de ces personnes abusées et traumatisées. Ne pas juger, ni donner de conseils, mais permettre à la personne d’être suffisamment sécurisée pour s’autoriser à parler et se défaire de ses liens toxiques. Se sentir sécurisé implique de ne pas être dans la dépendance psychologique ou financière. C’est ainsi que j’insiste auprès de nos généreux donateurs et bénévoles de prendre conscience de ce phénomène et que le temps et l’argent qu’ils y déploient permettent à une femme de nourrir ses enfants, ou encore aller consulter un thérapeute, un médecin. Notre action met tout en œuvre pour ces personnes fragiles et vulnérables : des colis alimentaires, une écoute attentive, des vêtements, et même un accès au logement quand cela est possible. Je dis « possible » car pour obtenir un logement aujourd’hui, même avec des associations juives, il faut avoir un minimum de revenus. Pour tout cela nous avons besoin d’argent mais aussi de solidarité et la possibilité de former des femmes sans emploi, de les aider à trouver du travail, à être dignes et ne plus subir l’abject.

Je tiens à remercier vivement tous les bénévoles et donateurs, les patients sont très reconnaissants et ne cessent de me dire combien il est réconfortant d’avoir des personnes qui viennent les voir et leur apporter de quoi nourrir leurs enfants.

La violence des faits que je viens d’énoncer, demande beaucoup de temps et de courage pour sortir de tels traumatismes. Mais ce n’est pas impossible, si la parole est libre et que la solidarité demeure.

Pour conclure je dirai qu’il faut croire à la parole de celle ou celui qui subit de la violence, l’entendre et lui dire que c’est inacceptable !

Avec l’aide de D’ nous saurons faire face à l’inacceptable et aider ceux qui en ont besoin, sans retenue ni doute par rapport à leurs douleurs et souffrances. Que D’ puisse nous donner la force de poursuivre notre mission dans la joie et la générosité. Amen !

Merci à tous et en particulier comme je l’ai dit, aux bénévoles, aux donateurs et à toute l’équipe de Mazone. Une pensée particulière pour Sarah, celle qui est toujours présente pour les autres avec une écoute hors du commun.

Rebecca Lustman, psychanalyste

Joyeux Hanouka !

Joyeux Hanouka !

Toute la famille Mazone passe de belles fêtes de Hanouka grâce à vous !

Avec l’aide de tous les bénévoles, adultes, enfants, élèves des écoles partenaires,
les donateurs qui ont participé aux collectes en magasin, dans les écoles,
les partenaires qui ont été généreux,
nous leur avons remis de magnifiques colis pour la fête comprenant une hanoukia et des friandises.

A Paris, nous leur avons également offert un magnifique livre comprenant les rubriques de la Hagada, le seder de l’allumage, des halakhot, des histoires, le contexte historique, les meguilot, un CD de musique, des jeux…

A Paris, Marseille et Jérusalem, tous les enfants et adolescents des familles accompagnées par Mazone ont reçu des cadeaux personnalisés, c’est-à-dire choisis avec soins selon leur âge, sexe, préférences car les responsables des familles les connaissent bien et avec leur nom sur le paquet.

 

Dimanche prochain, le 5/12, tous les enfants accompagnés par Mazone Paris iront passer une journée kiff au GoPark. Au programme : Paintball, Foot en salle, Rodéo, Gonflables, Sumo, Babyfoot géant, Maquillages, Ecran cinéma…. des tournois, un camion pizza, des friandises et des surprises !

Hanouka sameah !!

La boutique Mazone de Créteil fait peau neuve

La boutique Mazone de Créteil fait peau neuve

Cet été, l’équipe Mazone s’est lancée dans des travaux de rénovation de la boutique de Mazone Créteil afin de valoriser les vêtements neufs destinés aux familles bénéficiaires.

Le réaménagement du local de 100 m2 a consisté à une mise au propre avec la peinture des murs, l’installation d’un parquet, de nouveaux rayonnages et la création d’une cabine d’essayage avec un miroir de plein pied. Ce nouvel agencement a permis d’arranger les vêtements femmes, hommes et enfants de manière distincte et attractive.

 

Les 250 personnes accompagnées par Mazone Créteil expriment leurs besoins auprès de la responsable des familles : une jolie tenue pour passer les fêtes dignement, un pantalon pour se rendre à entretien d’embauche, un costume pour la bar mitsva d’un enfant, des baskets à la bonne taille pour l’un des enfants, ou encore un cartable sympa solide et en bon état lors de la rentrée scolaire… il y en a pour tout le monde.

Les bénéficiaires sont invités à venir le mardi, sur rendez-vous, afin de choisir et essayer les vêtements, costumes, manteaux, chaussures. Il est également possible d’y trouver des couettes en hiver ou des ustensiles de cuisine par période. Une réelle expérience de boutique haut de gamme, mais sans avoir à payer bien évidemment.

« S’habiller, ça peut être aussi essentiel que de se nourrir. Au-delà de la nécessité, c’est également une question de dignité dans la société contemporaine« , nous explique Eric Bendriem, fondateur directeur de Mazone, au contact des familles en difficultés depuis 1996.

C’est pour cela qu’il y a 4 ans, Mazone a ouvert deux boutiques de vêtements neufs – l’une à Stains et l’autre à Créteil – dédiées exclusivement aux familles bénéficiaires. En comparaison à un vestiaire associatif classique, ici on ne trouve pas de seconde main… tous les vêtements sont neufs, de bonne qualité, et souvent de marque connue. Cela est possible grâce à un partenariat avec les professionnels de la confection qui font régulièrement des dons en marchandise, contre Cerfa valeur marchande.

La notion de bal tachehit, ou de gâchis, par le chef Nerwin Guzman

La notion de bal tachehit, ou de gâchis, par le chef Nerwin Guzman

Ami de Mazone de longue date, nous avons demandé au chef Nerwin Guzman de nous parler de sa perception du gâchis. Il nous partage dans cet article une pensée très profonde et touchante.

« En tant que chef cuisinier juif, évoluant dans un environnement d’abondance et de luxe, la notion de bal tachehit – ou destruction vaine, a toujours été au centre de mes réflexions.

Notre tradition nous enseigne de ne pas détruire ce qui peut servir à l’homme. Ceci est puissamment imagé dans la Torah (Deutéronome 20 :19-20) concernant les règles en temps de guerre, nous enseignant que même sur le champ de bataille ou la destruction est la règle, l’homme juif doit prendre soin de ne pas détruire les arbres fruitiers.

Cette image comporte une dimension alimentaire, puisque ces arbres fruitiers portent en eux la possibilité de nourrir l’homme, mais pas seulement.

Le contexte de guerre, donc de destruction, nous alerte sur le fait que si dans de telles conditions extrêmes il nous est interdit de détruire ce qui peut nourrir, a fortiori en temps de paix. Ce qui nous donne une idée de l’intensité de cette obligation.

Ce qui est édicté pour les arbres fruitiers, s’appuyant sur le besoin primaire de se nourrir, peut également être extrapolé aux autres besoins primaires comme s’habiller, se chauffer, se loger. En bref, les ressources qui nous sont offertes ne nous appartiennent pas, elles nous sont prêtées avec amour. Gaspiller revient à détruire, négliger ce qui ne nous appartient pas.

Vous comprendrez que dans le domaine de la cuisine gastronomique dans lequel j’évolue, cette notion est particulièrement importante. Elle me guide. Les produits de luxe, l’abondance dans lesquels j’évolue, ne doivent pas porter en eux la négligence ou pire le sentiment de puissance ou de possession.

J’en ai la pleine conscience. Au contraire ma responsabilité à respecter ces biens précieux est dédoublée. Cet ingrédient spirituel peut vous être imperceptible, mais ne vous y trompez pas, je le mets dans mes créations. On dit souvent qu’un plat est fait d’ingrédients, de patience et de beaucoup d’amour, je rajouterai que j’y mets cette dimension de responsabilité et gratitude. J’ai l’ambition de penser qu’ainsi je ne touche pas seulement vos sens, mais aussi votre âme. »

Mazone en période de COVID-19

Mazone en période de COVID-19

Pessah 2020 : un défi de taille relevé

À l’instar du calendrier juif, les fêtes de Pessah ont représenté comme d’habitude l’une des périodes les plus denses chez Mazone et ont été d’une importance cruciale pour les familles que nous accompagnons. La France et le monde entier a été mobilisé par le Coronavirus, rendant ces dernières semaines pénibles pour tous. Les centaines d’appels d’aide supplémentaires venant de familles confinées chez elles avec des enfants ayant faim, et rien à mettre sur la table en témoigne. Depuis le début de cette crise sanitaire exceptionnelle, nous sommes restés auprès de celles et ceux qui ont besoin de nous. Mazone a été parmi les seules associations d’aide alimentaire en France à avoir assuré la livraison de colis alimentaires lors des fêtes de Pessah.

Une organisation exceptionnelle et une dévotion admirable de la part des bénévoles ont permis à Mazone de réussir ce que nous n’avions jamais fait auparavant. Cette année, nous avons accompagné plus de 750 familles soit près de 2500 personnes. Grâce à vous, des centaines de bénéficiaires ont pu offrir à leurs familles de vrais repas tout au long des 8 jours de fête et ainsi célébrer Pessah dignement.

 

Membres permanents + bénévoles + partenaires + donateurs = un travail d’équipe

Ces challenges ont certes engendré des complications. Mais l’adversité, a éveillé un sentiment de solidarité et de communautarisme en chacun d’entre nous, renforcé nos valeurs d’entraide et de soutien et relevé l’importance et la nécessité de notre action.

En plus de la gestion des centres Mazone Paris, Créteil et Marseille, la cellule de crise SDF, et les demandes en Israël, cela veut dire …

1800 cartons, 30 tonnes de marchandise, 380 livraisons/semaine, +100 bons alimentaires

Mazone face à de nouveaux challenges

Les fêtes sont terminées, le temps passe, mais le confinement perdure. Nous continuons notre action sociale en petit comité pour ne pas exposer les familles des bénévoles, et dans le respect absolu des normes de sécurité sanitaire imposées par le gouvernement. Toutes les familles bénéficiaires continuerons d’être livrées.

Et comment pouvons-nous maintenant répondre à la recrudescence de demandes d’urgence faisant suite à la pandémie ? A toutes ces familles qui s’en sortaient tout juste et qui depuis la mis mars ne peuvent plus subvenir aux besoins fondamentaux du quotidien ? Il nous faut leur apporter l’aide ponctuelle nécessaire pour les aider à passer cette période, pour qu’ils ne basculent pas durablement dans la pauvreté.
Parce qu’il nous est insupportable à tous de penser que nous devions refuser de leur tendre la main, mobilisons-nous plus que jamais. Aujourd’hui, plus encore, vos dons sont essentiels. Nous trouverons l’énergie et mettrons en place toute la logistique pour les accompagner malgré les contraintes imposées par la situation malgré le fait que nous ne pouvons accéder au local qu’en comité restreint.

Parce qu’ils comptent sur nous tous, pour demain pouvoir de nouveau compter sur eux-même !

 

 

Les enfants, au cœur de Mazone

Les enfants, au cœur de Mazone

Les enfants, au cœur de Mazone
L’association Mazone a été créée il y a 25 ans à cause des enfants … ou grâce aux enfants.  En effet, pour son fondateur Eric Bendriem, il était impensable qu’il puisse exister des enfants juifs qui ne mangeaient pas. Il pensait que certaines familles n’avaient que des pâtes ou du riz à manger mais ne croyait pas possible qu’il existe des enfants qui n’aient ni l’un l’autre. Il constata que l’impact de la précarité et de la pauvreté était total et influait à tous les niveaux sur la famille et sur l’enfant : sur le travail, la scolarité, les relations sociales, la santé, l’hygiène de vie, l’alimentation. 

Face à cette triste réalité, l’association a vu le jour et accorde depuis sa création une place de premier plan aux enfants, pour qu’ils ressentent le moins possible la période de difficulté financière que traversent leurs parents.  En cette période de Hanouka, zoom sur les différentes actions mises en place par Mazone pour que les enfants des familles accompagnées ne se sentent pas différents des autres enfants.

La nourriture des enfants : les jouets

Hanouka est la fête la plus attendue par tous les enfants. Les 420 enfants (de 0 à 17 ans) des familles accompagnées par l’association recevront, cette année encore, les cadeaux de Mazone qu’ils attendent tant. Pour les plus jeunes, ce sera 2 jouets de qualité chacun, adaptés à leurs âges ; pour les adolescents des cartes cadeaux (Fnac, H&M, Laline, Marionnaud). Ces cadeaux sont emballés soigneusement avec une étiquette personnalisée où est inscrit le prénom de l’enfant.

A Marseille, ce sont des élèves de 3ème du collège Ben Ami qui sont venus emballer les cadeaux à la place du cours de kodech et qui ont eu l’idée touchante d’écrire une lettre pour chaque enfant soutenu par l’association. Leur professeur témoigne et nous enseigne que Tsédaka ne signifie pas « aumône / charité » – impliquant indirectement une action « facultative » s’inspirant d’un élan de générosité, MAIS « justice » – et donc une obligation pour tout être humain digne.
L’un de ces élèves a exprimé qu’il avait eu l’impression de faire quelquechose de foncièrement utile « pour la première fois de sa vie ».

Les membres de l’association pensent également aux enfants pour leurs anniversaires en leurs envoyant une carte de vœux, un gâteau ou un cadeau. 

                               

Petit déjeuners et goûters dans les colis alimentaires

À l’école les enfants parlent beaucoup. Pour ne pas se sentir exclus, ils doivent avoir les mêmes repères que les autres enfants.  Les colis de Mazone sont constitués de façon à ce que les enfants se sentent comme les autres : ils y trouveront pour le petit déjeuner de la poudre chocolatée Nesquick, des céréales Kellogg’s etc.  En plus des petits-déjeuners, des goûters pour l’école sont préparés pour chacun, conditionnés dans des emballages individuels, ainsi que des jus de fruits en briques qu’ils pourront transporter dans leurs cartables.

                                

L’aide aux devoirs avec BIG BROTHER

Lorsqu’une famille est en situation de précarité sociale, les enfants scolarisés sont souvent victimes d’effets collatéraux qui nuisent à leur parcours scolaires. En effet, après une journée de travail et des soucis plein la tête, il n’est pas évident pour les parents d’accompagner leurs enfants dans leurs scolarités.

Pour cela, Mazone mobilise un étudiant qui dispensera un suivi scolaire personnalisé à domicile de deux heures par semaine aux enfants des familles soutenues par l’association. Il sera comme le référent de la famille pour l’enfant et un intermédiaire avec la famille et Mazone. Un rapport lui sera demandé chaque fin de mois pour évaluer les progrès de l’enfant. La mission de cet étudiant – qui est rémunéré par l’association – sera de rassurer et redonner confiance à l’enfant. 

En 2017, 100 % des 80 enfants pris en charge par Mazone sont passés en classe supérieure. 

L’organisation d’évènements, les boutiques de vêtements neufs

Mazone offre pour la Bar Mitsva des enfants des familles prises en charge le Talit, les Tefilins ainsi que le petit déjeuner après la mise des Tefilins – en partenariat avec des prestataires reconnus.  Des réceptions peuvent être prises en charge par l’association pour des Brit Mila, dans certains cas exceptionnels.

Pendant les fêtes du calendrier juif, des évènements et sorties festives sont organisés afin de leur faire plaisir et d’oublier le quotidien le temps d’une journée ou soirée.
A Hanouka, Mazone invite chaque année les enfants de la région parisienne à passer une journée inoubliable dans un parc d’attraction – cette année au Parc Astérix.
En Israël, c’est à Pourim qu’ils ont leur fête dédiée avec un grand michté des familles, des spectacles, bonbons, ballons et autres surprises. A Hanouka, enfants et parents étaient invités à un évènement inédit – le concert d’Ishay Ribo et Avraham Fried à Jérusalem.
A Marseille, au mois de décembre, ils ont eu le bonheur de pouvoir assister au concert de Daniel Lévy et d’avoir des places pour le cirque Medrano, grâce à de généreux donateurs.

Les enfants ont également accès à des vêtements modernes et de qualité dans les boutiques de vêtements neufs. Nous le savons, les marques, ça compte dans leur esprit, et nous tenons à ce qu’il n’y ait pas de stigmatisation des enfants selon les moyens financiers du moment de leurs parents.

 

               

         

Les sourires de ces enfants font avancer l’association.

C’est grâce à eux que les bénévoles de l’association continuent de se battre chaque jour. 

C’est grâce à eux que Mazone continue à relever de nombreux défis.